On me demande souvent pourquoi et comment j'en arrive à cette toile. Ce qui m'a guidé, ce à quoi j'ai pensé, pourquoi j'ai posé plutôt ces couleurs que celles-ci et pourquoi plutôt ce regard que celui-là.
Je ne réfléchis pas toujours, je n'anticipe pas forcément, je travaille beaucoup par impulsion, envie… La création va au gré de mes humeurs, des matériaux, des associations que j'en fais. Sur le moment présent.
La seule certitude que j'ai à l'esprit devant une toile blanche, c'est que je réaliserai un portrait de femme. Ce portrait est souvent inspiré de photographies. Je cherche durant de longues heures, pendant plusieurs jours, parfois, le portrait qui sera le point de départ.
Une fois les premiers traits de crayon posés, les premières couleurs apportées, je m'évade, j'imagine, je fouine, tel un artisan dans son atelier. Je me mets en quête des détails avant même d'avoir la base. Les détails sont en fait ma base.
Tout est prétexte à l'élaboration de la toile : coupures de journaux, bouts de tissus, perles, bijoux, emballages. Je récolte, j'amasse, je colle, je décolle, je couds, je découds, je me blesse, et j'avance telle une araignée qui tisse sa toile avec ses fils de soie. Cette toile qui me nourrit, qui me protège et qui m'abrite, cette toile dont je vais devoir me séparer parfois et qui reflète tout mon moi à chaque fois.
Note de la revue Oyapock:
Nous publions ici un premier portfolio d’œuvres de Flore Vaillant où son travail de mise en relation entre peinture, collages et écriture apparaît de manière évidente. D'autres œuvres, et d'autres dimensions de son travail, seront présentées dans des publications ultérieures.
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