Vous trouverez ici les poèmes publiés par Nitza Cavalier dans la revue Oyapock. Ces publications sont , à ce jour, inédites.
Cri Ambigu - in Révolte thème de la revue Oyapock
Ce n’est pas la manne qui tombe sur ma terre
Ce n’est pas la grâce qui émerge des nuages
Non plus ce n’est pas l’aumône qui émane du ciel
Prônant le calme la paix et les faveurs du néant
Ce n’est pas un ange vêtu de blanc qui sort de l’invisible
Ce n’est pas une colombe qui s’envole vers le bleu de l’espace
Ce ne sont ni les belles promesses de l’esprit Saint
Ni les bénédictions divines qui envoûtent ma terre
Non
Ma terre ne peut pas allaiter la vie
Son sein ne porte pas de bien-être
Ses bras ne peuvent pas bercer le soleil
Ni la lune, ni les étoiles, ni Vénus d’ailleurs
Non
Ce n’est pas la manne qui tombe du ciel
Mais des cartouches minuscules
N’ayant point de chemins précis
Elles tombent
Percent l’embouchure
Un fleuve saigne jusqu’aux os
L’hémorragie ne s’arrête point
Il pleut du sang sur ma terre
Des torrents de sang coagulent
Par la cruelle chaleur des armes
Des torrents de larmes fondent
Et partent en vapeur
Ma terre brûle de froidure
Ma terre consume le silence
Ma terre devient un calme inondé de corps
Des corps-passoire qui se taisent et qui plongent
Qui s’en vont
Par milliers et par milliers
Et encore par milliers
Et le chant des munitions ne s’arrête pas
Et les larmes ne s’arrêtent pas
Et les cœurs se taisent
Et les yeux se ferment
Et les bouches crient
Assez.
***
***
Krache San
Lalin nan pran plas li
Bouch mwen blanch
Boul je m yo soti
Près tonbe atè
M santi fènwa vle vale m
Move van pimpe m pa bò isit
Souf mwen kout
M ap veye mouche Leta
M pare menm anba djòl li
M ap tann on ti gout krache lespwa
M ap tann li di m rantre avan krache chèch
Lespwa disparèt
Lespwa fè m lennmi
Mouche leta krache bal
M rann san
De bra balan
Move van pote m ale
Mwen se « Van Mennen »
***
***
L’écarté - in Band’Illégal, thème de la Revue Oyapock
Que fais-tu ici, être-fantôme ? Cherches-tu la vie ?
Ici, il n’y a pas d’air.
Ah, comment fais-tu pour respirer ! Cherches-tu la sécurité ?
Je suis en prison.
La liberté ?
C’est une illusion.
La richesse ?
Je suis sans papier.
L’amour ?
Cette terre est dépourvue d’amour ; on n’y trouve que le mal.
Ma foi ! Que cherches-tu donc âme errante ?
Je cherche mon corps…. mon corps déchaîné… loin d’ici… mon corps d’art… mon corps aéré… mon absolu corps … loin d’ici… pour m’envoler loin d’ici !
***
***
Un morceau de vague - in Nostalgie, thème de la Revue Oyapock
Je tiens un tout petit bout
Dans ma main frêle fragile
« L’extrémité d’une vague »
Plus d’impulsion
Plus de cadence
Vague mi- morte
Ne valse plus les confusions du temps
Faufile entre mes doigts piano
Joue à cache-cache
Se métamorphose
Devient « larme humaine »
Et disparait vers le gris de l’absence.
***
Psaume sororal
A l’aube de mes souvenirs
j’ai vu cette fleur grandir
sous la flamme d’une dragonne
elle était si mignonne
et la dragonne si gaie
Au creux de mes bras
J’ai posé ma marque d’amour
Sur leur joue si fragile
Et la fleur
me crachait l’innocence
Au creux de mes bras
Fille fleur
Fille dragonne
Je vous aime
***
Mon pays comme les quatre saisons
Une nature, une nation, un pays et un peuple
un matin, un midi, un après midi et une nuit
un matin de soleil de plomb
un matin où nos mères se grillent ardemment
un matin où nos ventres gargouillent la misère de la terre
Un matin où le fleuve humain crie désespoir
Un matin où nos vie s'ensanglantent perpétuellement
Un matin de nature
Un matin sur le chemin du midi
Démon du midi
Rhétorique du midi
Feu du midi
Calvaire du midi
soleil du midi
meurtre du midi
Tours du midi
Saleté du midi
Politique du midi
Loi du midi
Décret du midi
Serment du midi
larmes du midi
Arme du midi
Vol du midi
Viol du midi
Répression du midi
Perte du midi
Saison du midi
Prière du midi
Famine du midi
Guerre du midi
Résistance du midi
Surgit alors une gouttelette de paix
qui transcende cette nation
Ce pays qui pleut ses complaintes
Ce peuple qui restera souverain
Et l'après-midi conduit à la nuit
une nuit bienfaisante
Une douce nuit d’étoiles caressantes comme un amour
Une nuit si chère dont l’ombre se luit d'étoiles
Une nuit où
la valse des arbres fait palpiter nos cœurs
Une nuit que voici
Une nuit qui brûle
Une nuit qui danse
Une nuit qui chante
Une nuit qui rit
une nuit qui sourit
Une nuit qui aime
Une nuit qui calme
Une nuit qui conseille
une nuit qui sensibilise
une nuit qui unit
Une nuit qui révolte...
***
Le Point G de Cayenne
Cris d’amour
Brillances
Arbres
Voitures
Rue
Regards
Cayenne
Plaisirs
Un vrai théâtre de moulage
Une scène cousue par la machine du désir
Ce n’est point d’un lit dont je vous parle
Mais de la chaleur du sol de Cayenne
De deux corps en fusion
Mélange de sueurs et de salives
De frissons
De tremblements
Ce n’est point d’un regard dont je vous parle
Mais des yeux par centaines
En rang
A la file indienne
Qui admirent des ébats
Des cris à l’abeille
Des rayons sensuels
Soleil évasif
Témoin des étreintes
Libido d’un orgasme
Jouissance de deux âmes
L’amour au centre de Cayenne
L’ultime désir
Trouver son point de gravité
Tourbillonner tout autour
Non
Je ne parle point des huis clos
Catimini
Cache-cache
Cachotteries de mille couleurs
Je parle d’un acte assumé
Sans honte Sans gène
Sans tabou
Sacrilège sacré
Labyrinthe de délices
Offrir deux corps en spectacle
Au rythme des regards
Franchir des portes secrètes
CAYENNE
Ville de liquide extasié.
***
Comentários