Ce n’est pas la manne qui tombe sur ma terre
Ce n’est pas la grâce qui émerge des nuages
Non plus ce n’est pas l’aumône qui émane du ciel
Prônant le calme la paix et les faveurs du néant
Ce n’est pas un ange vêtu de blanc qui sort de l’invisible
Ce n’est pas une colombe qui s’envole vers le bleu de l’espace
Ce ne sont ni les belles promesses de l’esprit Saint
Ni les bénédictions divines qui envoûtent ma terre
Non
Ma terre ne peut pas allaiter la vie
Son sein ne porte pas de bien-être
Ses bras ne peuvent pas bercer le soleil
Ni la lune, ni les étoiles, ni Vénus d’ailleurs
Non
Ce n’est pas la manne qui tombe du ciel
Mais des cartouches minuscules
N’ayant point de chemins précis
Elles tombent
Percent l’embouchure
Un fleuve saigne jusqu’aux os
L’hémorragie ne s’arrête point
Il pleut du sang sur ma terre
Des torrents de sang coagulent
Par la cruelle chaleur des armes
Des torrents de larmes fondent
Et partent en vapeur
Ma terre brûle de froidure
Ma terre consume le silence
Ma terre devient un calme inondé de corps
Des corps-passoire qui se taisent et qui plongent
Qui s’en vont
Par milliers et par milliers
Et encore par milliers
Et le chant des munitions ne s’arrête pas
Et les larmes ne s’arrêtent pas
Et les cœurs se taisent
Et les yeux se ferment
Et les bouches crient
Assez.
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