Toi qui empruntes tous les sentiers
De mes mains
Certains matins se lèvent comme un adieu
À l'espoir
Pays déchiqueté, yeux absents, soleil mort-né
J'ai erré en tap-tap en quête de ton nom
Ni la démocratie,
Pas même le développement ne m'ont séduite
J'ai alors marché
Encore et encore
Comme eux. Comme elles
Voilà depuis bien des temps
Peuple d'Ayiti. Peuple de l'Abat-jour
Éternel pèlerin
Marché pour la vie, pour la liberté
Escorte des carrefours, récusant les marges
Toi, qui chevauches tous les loas de mon corps
Certaines nuits meurent étouffées
Jetées aux ordures
Cinq petites étoiles qui saignent à la pleine lune
Pays mutilé
Je ne cesse d'inventer des jours
à la couleur de tes yeux
à l'éclat de ton sourire bleu profond
Pour vivre un peu
Comme ils ne savent. Comme ils ne peuvent
Comme ce corps déjanté
Qui danse le tam-tam, qui mène le tambour à cette racine lointaine à laquelle je me soude
Loin de la migration. De l'international communautaire.
En partance d'un point sans métier
Certaines rues colonisent les pas
Verbes éclopés. béas-bas
Je tamise le temps des douleurs en crue
Derrière le car-à-vannes
Pour voir la silhouette de dame Zulu
Cœur prosopopé
qui m'incite à m'arrêter à mi-chemin gommant les visages qui embroussaillent ma mémoire chromosomique
Elle me vient cette marque réminiscente
Liane de mon sang
Toi qui gouvernes tous mes rêves
Certaines blessures reviennent
Jambes écartelées
Entrailles béantes
Moi civilisation pâture à la modernité qui m'enraye
J'ai apprécié le texte et aussi aimé le style de la poétesse, tout en esperant, un jour, écouter sa voix lire ce même texte.
Une plume aux larves délicieuses!