DRÔLE DE PAYS, J’IRAI QUAND MÊME
Le jour est porteur d’espoir dans un miroir sans vie. Et le temps pourrait être curieux, à tel point que l’autre n’ait plus qu’une envie, celle de se dépayser. Je chasse mes maux pour voyager loin de ma réalité comme une vierge folie.
Une envie de vivre de près ou de loin dans mon corps. Ma tête me parle autrement et ce n’est pas une confession. J’ose parler de passion. L‘action est confuse à dire voire d’écrire la réalité. Une réalité peut-elle être bavarde ou sans espoir ?Je préfère être avec vous, mais non pas comme un héros qui dira la vérité. Même si certaines phrases pourraient être mensongères, inexactes. Ou qu’elles naviguent sur la voie des mers noires. Ou qu’elles sont des choses tabous et interdites.
Mais je suis là. Je ne crois pas en une interdiction qui n’a jamais eu lieu. Même si la faute commise devrait avoir en son compagnie une sanction qui fera l’objet de fétichisme dans sons présent passé dont elle n’aurait peut-être pas trop envie de ruminer. Cela serait acerbe et amer à avaler, car la descente est toujours plus lourde que la remontée. C’est mon rôle dans tout cela.
Cependant, c’est une vision.
Comme je le disais en amont, le voyage peut-être porteur d’espoir
ou d’une utopie de rêves dans la quête de voies sans conviction. Votre capitaine peut être bon ou méchant, cela dépendra de la qualité de votre lune. On dit souvent qu’elle est celle, calme, qui éclaire le destin des gens. Mais c’est là la version des vielles femmes d’hier et pourquoi pas de celles d’aujourd’hui.
Cette question mainte fois abordée, personne n’ose y répondre. Il arrive parfois que certains affirment que c’est obsolète de parler de tout cela. Pourtant d’autres prétendent que cela n’apporte que de la malchance. Moi je dis que c’est une chanson que je n’oserais pas chanter. Mais il est dommage que je n’en connaisse pas tous les morceaux et drôles seraient encore les fausses notes continues que ferait ma voix. Mais quand même, j’aurais plus aimé être chanteur que d’être acteur. Mentir par ma voix, ce n’est pas trop mon genre.
Bon. Enfin, je continue ma route. Le voyage risque de durer trop longtemps et je ne veux pas que ventôse me côtoie dans un calendrier qui n’est pas le mien.
Et ce ne serait pas trop mauvais quand même.
De toute façon je me presse, car la saison des roses de grâce m’attend. Je dois faire vite. C’est pressant, car leur senteur et leur sublime courtoisie m’appellent. Tendrement, je les verrai de loin et j’avancerai doucement, pas à pas. Soudain mon charme s’abattra sur l’une d’entre elles et mon regard la sectionnera, comme celui de Shandarly m’a choisit dans un rêve d’été. Je serai fier de butiner cette fleur pleine de grâce. Ainsi ne pourrai-je considérer ma visite comme une triste chanson éphémère. Je dois me dépêcher car la saison des libellules ne va pas tarder à commencer.
Il y aura de l’amour dans l’air- et les dagonflys. Ces demoiselles vont souffler une romance de passion. Seuls les yeux et les cœurs pourraient être témoins de cet enchantement. Cependant, l’été a toujours été un personnage rude, mais idéal pour confectionner l’adoration. Je dis adoration, je ne sais pas pourquoi.
Je vais vous le dire. Ma plume pinceau parlera mieux que moi. Je la laisse narrer cette observation. Les marécages sont dangereuses, une bête laide, féroce, y tue et mange les plus faibles qu’elle. Sais-tu pourquoi ? Moi oui. C’est sa mission, elle doit survivre, car la raison ne fait jamais partie de la nature. Elle est juste observable. C’est comme l’histoire qui jalonne les sources muettes pour faire parler d’hier, d’un savoir tant attendu et désireux d’être connu.Les choses se passent ainsi dans le tréfonds des bois. Il n’y a pas que cela, il y a aussi un orchestre qui chante sa transformation et qui fascine par sa beauté. Les fameux criquets. Ses çaeliferes ont des voix viscérales. Agréables, plus douces que celles des fées lorsqu’elles chantent leur plus haute passion musicale. Je m’excuse pour ce panégyrique, la plume n’a pas de cerveau. Elle écrit des fois follement jolies et qui peuvent être mal interprétées par d’autres.
C’était mon cas. Au premier regard, l’animal n’avait pas mon admiration.
Un beau jour, j’ai vu une beauté sublime voler dans l’air. Même la chaleur atroce semblait l’adorer horriblement. Elle était belle. On aurait dit une orchidée qui fleurissait pour annoncer l’arrivée du jour. Mes yeux étaient tombés amoureux de cette grâce. Figé, bouche bée, je restais face à cette confession exposée de la nature. Ce n’était pas Dji cependant. C’était comme une de ses publicités bourrées de supercheries lors de la présentation d’un nouveau produit sur le marché. Cette observation était vraie, en revanche c’est à ce moment là que j’ai compris que la nature était une capricieuse incroyable.
Après cette belle scène offerte par mère nature, j’ai continué ma route et sans savoir où elle allait m’emmener cette fois. Soudain j’ai vu un oiseau. Dans ma tête je voulais que ce soit une pie mais ce n’était pas le cas, ce fut un bleuet.
Comme j’avais mal à la tête et que j’étais fatigué, je n’avais pas pu rester pour l’observer. Ce n’est pas mon genre. J’ai souvent eu la fâcheuse habitude d’être un agréable observateur, même si c’est tout à fait mon rôle dans la vie. Je préfère plonger mon regard vers les gens circulant dans tous les coins de la rue. Dès fois ils sont pressés. Mais souvent ennuyeux. Bon, ce n’était pas mes oignons. Je devait faire vite car la nuit n’allait pas tarder à faire son spectacle.
Tout à coup j’ai vu apparaître la tête d’une belle femme à l’horizon. Elle sortait doucement de sa cachette. Qui aurait pu imaginer que les montagnes pouvaient servir de cachette à une si belle femme, même si la nuit donnait la valeur de sa beauté. Je suis d’accord, il y en a certains qui parlent d’elle tout au long du jour, car la nuit peut être mystérieuse. Et on y fait des choses, sauf si les yeux d’or des cieux sont témoins de certaines réalités.
Peut- être que les acteurs avaient les yeux fixés sur elle, je ne sais pas trop.
Au bar, les révélations sont souvent au rendez-vous, car les amoureux ont envie de bavarder leurs histoires sous l’effet de l’alcool. Ils parlaient de leurs romances nocturnes, de leurs déceptions. C’est toute une confession qui se faisait sans l’odeur de la volonté et dans la préparation des gueules de bois. Je sais que ce n’est pas mon droit ni celui de ma plume de mettre mon nez dans tout cela. Mais mon oreille n’échappe pas à ce genre d’histoire ; l’homme était deux fois ivre d’amour et saoulé de chagrin, car la vie peut parfois offrir plusieurs choses en même temps. Je ne sais pas pourquoi, mon offrande était plus sucrée que celle du Beau Monsieur qui pleurait d’amour tout en caressant sa bouteille vide. Ma situation n’était pas si différente. Je ne bois pas, mais je nage dans mes larmes de solitude. Une chose me manquait. Je savais qu’elle ne m’appartenait pas, à moi. Cependant mon cœur ne cessait de me le rappeler.
Maintenant je voyage dans une rencontre qui n’est pas bien définie. Je la considère comme une fraîcheur, un doux instant de ma vie. En amont, j’avais parlé d’une personne. Je ne sais pas trop, cela devrait être ma plume, cela n’a pas d’importance. Enfin bref ! C’était un jeudi, lors de notre cours de mathématiques, j’étais assis devant, comme d’habitude avec mon compagnon fidèle, trop bon en littérature. « Vas vite ! Droit au fait ! » Je vis entrer dans la salle un être étrange, drôle, beau, à admirer. Une beauté sans équivoque. C’était Shandarly. Sisi. Elle avait un regard qui parlait mieux que celui de Mira. Cette fois-ci ce n’était pas dans Mille Bulles, ni à la Bibliothèque Universitaire, mais dans la salle 106, à l’étage. J’étais paralysé par la grâce de son corps exotique et bavard. Elle m’a figé dans un coin, dans l’instant, tout en me regardant. Ses yeux étaient comme un beau discours de campagne électorale. Ainsi mon cœur a été sectionné et sélectionné sous son charme,
depuis ce jour-là je suis devenu follement amoureux d’un regard et d’un instant. Pour la première fois de ma vie je doute de ma vocation, moi qui voulais devenir professeur. Mais le temps, la vie, elle les a et elle a tout changé. Un drôle de coup de Trafalgar.
Soudain je suis devenu poète, mendiant de l’amour d’une inconnue. La poésie me parle plus que les chiffres. Mon envie commençait à danser au rythme des phrases de Jacques Prévert :
« Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l’obscurité pour me rappeler tout cela en te serrant dans mes bras. »
Depuis ce jour-là, ma plume est devenue ma fidèle compagne. Il n’y a qu’elle qui peut me soulager de mon trop plein. De ce joug que je portais quotidiennement sur mon cœur. Je rêvais sans cesse d’elle. Toute la nuit, elle était partout. Dans tous mes rêves. J’étais ivre d’amour. Je n’arrivais pas compter mes points comme un joueur de tennis démoralisé sous l’effet du soleil de la troisième manche. Ce jour-là, je n’ai pas pu lui demander son nom. Ma force ne permettait pas cela. – « Rolphi !» cria-elle. - « Sisi ! Oh mon dieu ! » - « Tu es un peu à l’Est aujourd’hui ! Qu’est qui t’arrive ? Toi, qui es si souvent joyeux après les cours de maths ! »
- « Mais enfin pourquoi ne dis-tu rien ? Le chat aurait-il avalé ta langue? »
«Laisse le Sisi », déclara Clarias. « Tu vois bien que depuis sa rupture avec Sowaya il n’a plus toute sa tête. Tu étais témoin : même 14 février était étranger pour lui, à tel point qu’il a failli poser un lapin à James lors de son émission. Je ne sais pas ce qui a pris James de l’inviter dans une émission littéraire, il sait très bien qu’il n’a d’yeux que pour les mathématiques ». - « Bon sang, Clarias ! Arrête de discuter, sinon on va perdre notre rendez-vous avec le designer. Partons maintenant pour ne pas arrêter le bus. » - « Au revoir Rolphitou », rétorqua Sisi en s’en allant. Ce jour-là j’ai dû rentrer tout seul, B-Litte était en train de marcher à côté de moi tout en m’expliquant comment Lucia n’avait pas été trop chanceuse, mais je n’ai rien entendu de tout cela. J‘étais ailleurs. Ailleurs comme un réfugié de l’amour, envolé dans le temps, pareil à un chaume qui se laisse emporter par le courant d’air. Pendant tout le chemin, je restais ainsi sans rien dire. C’est lors qu’il m’a dit, « Bon, je suis arrivé et je te laisse, à demain si Dieu veut » que j’ai compris que je n’étais pas tout seul sur la route. Machinalement j’ai répondu « à demain, frérot ». En arrivant chez moi, j’étais tourmenté de ne pas la voir à nouveau. Je ne savais pas quoi faire et il n’y avait personne à la maison pour parler de tout cela. Pour m’apaiser un peu je me suis rendu sur internet et je suis tombé sur un des poèmes de Rossiny Dorvil Lassisine, à toutes les Maria du monde.Je commençai à lire le poème pour me soulager.
À toutes les Maria du monde
Je voyage aujourd'hui
Dans l'épicentre de ton corps
Mon regard chante un murmure
Moi
Ma pensée
Mon obsession
Je n'écrirai plus
Plus tard qu'un mot
Non j'ai oublié
C'était tabou - promis
Toi
Être délicieux
Ton nombril
- salade décorative
Dominant le plat de ton corps
J’avais un bon appétit d’aimer
Oh j'ai oublié
C'était tabou
Quand même
J’avais faim
Pendant que je lisais, arriva Djo Kannelle et il me salua. Notre dialogue : « Salut frérot, quoi de neuf ? » « Rien de neuf ». – « Tu fais une drôle de tète. Dis-moi, tu penses encore à elle ? » - « Non pas vraiment, une drôle de journée tout simplement. » - « Ouais, ouais, mon œil. » - « Laisse-moi tranquille, tu n’as pas faim ? » - « Non pas vraiment, j’avais pris un chien jambé en rentrant » .
Je pouffais de rire.
« Bizarre ton expression. Mais tu as compris quand même tu es un H ? » - « Oui, tout à fait! » - « Bon frérot, lèse mwen ale lage ko à m’fatigue. » - « D’accord, pas de problème. »
Moi, le sommeil ne voulait plus de moi. Je galérais dans mon monde silencieux, que venait d’enfanter mon quotidien.
J’ai passé toute la nuit sur une corde à linge. J’ai tout fait pour m’endormir, mais le sommeil ne voulait pas de moi. Sous les klaxons des moustiques, je restais tourmenté dans mon lit. Les mayigwen avaient l’air des raraman qui donnaient des hauts à des compatriotes de leur rang. Cela m’avait saoulé et au petit matin je ne pouvais plus bouger dans mon lit, j’étais mort de fatigue. Soudain je commence à penser à ma mère. Le mal du pays revient comme une pluie de saison qui arrose mon chagrin.
Cela me rappelait commère Tonn, sa soupe matinale que je mangeais avant d’aller à l’école. Enfin, tout me parlait de ma zone : la rivière grise, les lumières pétillantes qui brillaient dans les monts de Pétionville, les marchands ambulants de pistaches, les marchands de frescos devant la paroisse de Saint-André à Crois-des-Mission. Toute la plaine du cul de sac me manquait. Si seulement je pouvais revenir en arrière pour pouvoir tout recommencer... Mais il est trop trop tard car j’ai voyagé.
Après plusieurs tentatives j’ai pu me libérer de mon lit. J’ai nourri mes oiseaux. Je prends vite une douche et je pars à l’université. En sortant de chez de moi, je rencontre toute la violence de Trente Pièces sur mes pas car la pluie a tout emporté sur son chemin. Il ne restait que la boue rouge sang qui m’empêchait de descendre la pente glissante. La violence fait partie intégrante du jour lorsqu’on vit dans un milieu pareil. La mort et la misère étaient souvent présentes. Moi je devais passer par la pente pour me rendre à l’université. Mais pour d’autres,c’était le contraire. C’était l’enfer pour eux. Ils en avaient marre de se faire trop aboyer dessus par les chiens d’instants de la misère.
Ils ont décidé de quitter Trente Pièces pour une soi-disant vie meilleure. Dans la nuit sans guides, ils sont partis dans la foret d’Amazonie chercher la route qui mène vers les États unis. Ils sont pris dans un cul de sac en cherchant la voie de l’espoir. Certains gens racontent qu’ils ont servis de repas aux jaguars et d’autres des baiseuses et baiseurs sans choix pour les brigands qui habitaient dans cette foret maudite .Je ne voulais pas rester sur des trucs si tristes. Ce que je raconte est vrai.
Sisi me racontait qu’elle est follement amoureuse de Maître D. Maître D était un gars de petite taille, mais très doué à l’université . Cependant, il ne voulait pas sortir avec Sisi car il disait souvent : « il est impossible que deux pieds de cabris fassent friture ». Pour dire que deux personnes de petite taille ne devraient pas se mettre ensemble. J’ai souvent pouffé de rire lorsqu’il raconte ce genre de conneries. Mais Sisi n’avais d’yeux que pour lui. Je me questionnais souvent afin de savoir pourquoi la vie est-elle si contradictoire ?C’est une question dont je ne trouverais jamais la réponse. Sans la réponse ou avec, je dois continuer de voyager.
À présent j’ai une autre préoccupation. Celle de revoir à nouveau Sandarly, la femme qui hantait toutes mes nuits. Bizarrement cela fait des jeudis que je ne l’ai pas vue durant le cours de maths et je ne savais à qui je demander de ses nouvelles. J’ai eu beau parler d’elle, personne n’a pu voir de qui je parlais. Un samedi soir, en sortant de la bibliothèque, j’ai vu une silhouette qui lui ressemblait. Je me suis approché pour voir si c’était vraiment elle. Oui, c’était bien elle. Je me suis empressé. Je lui ai dit bonsoir. Et elle m’a répondu de même, agréablement: « Bonsoir ». Pour continuer notre conversation. « Je ne t’ai pas vue depuis une bonne lurette. » « Moi ? On se connaît, monsieur ? » Machinalement j’ai répondu. « Bien sûr mademoiselle ! Mais on n’a jamais eu la chance de se présenter ». « Vraiment ?» déclara t-elle, « dans ce cas, cela veut dire que l’on ne se connaît pas du tout ».
Je suis resté un bon moment sans rien dire.
***
Soudain je me suis réveillé. Tout d’un coup. C’était un rêve que tout cela.
Je viens de vous raconter le livre de mon sommeil. Une drôle de vision pour un père d’une famille de cinq enfants, et marié à une douce épouse.
Ainsi est née l’histoire d’un songe qui parle dans un cauchemar de mensonges et de vérités …
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